(Globalement, ce qu'on ressent à la sortie de l'épisode, c'est cet amour irraisonné qu'ont les auteurs pour la presse écrite )
Pour l'ambiance, les 2 thèmes cultes de la série. C'est pas comme si ça faisait un an et demi que j'avais le 2e dans la tronche.
Admirez un peu mes références, le two sides of a same coin me vient tout droit du grand Dragon de Merlin (qui l'a lui-même piqué ailleurs de toute façon): Si Sherlock et Moriarty sont les deux faces d'une même pièce, alors c'est aujourd'hui que l'on tire à pile ou face. (sinon y a aussi facilement moyen de caser batman et le joker, pourquoi pas. Gandalf et Saroumane. Will Schuester et Sue Sylvester (laissez-moi 5 minutes et je recaserai toutes les séries de la CW dans la foulée))
So, Penny in the air....
...Et en premier choit un titre. The Reichenbach fall. Fort jolie pirouette, un s disparait et les chutes de Reichenbach devenant la chute de celui que l'on surnomme Reichenbach. Histoire de nous
rappeler dès le départ que ces gens ont un vrai don pour utiliser le matériel fourni par l’œuvre originale.
L'année 2011 n'a pas été des plus glorieuses pour Steve Thompson et pourtant je ne m'inquiétais pas plus que ça puisque vu l'importance de l'épisode, j'imaginais bien que la copie serait
minutieusement revue par la haute autorité supérieure. Je n'ai par contre pas toujours été très fan de la réalisation, surtout au niveau de certaines transitions franchement surchargées. D'un
autre côté, elle est très bien utilisée comme clé pour "le saut final", nous rappelant comme Watson ne regarde définitivement pas assez avec ses yeux et beaucoup trop avec ses émotions.
Et j'ai beaucoup aimé la scène complètement décousue et à la temporalité variée de Moriarty buvant le thé chez Sherlock. Ca souligne tout d'abord la folie de Moriarty, mais ça nous fait aussi
perdre nos repères, à nous petits téléspectateurs lambda, accentuant ce léger sentiment d'exclusion que l'on ressentirait en étant coincé entre le génie numéro 1 et le génie numéro 2: on ne doute
pas qu'une partie de la conversation nous échappe complètement et qu'on est tellement à la remorque qu'on se rend à peine compte que l'on subit l'équivalent intellectuel du verre de trop qui nous
fournit la fatale demi-seconde de temps de réaction supplémentaire.
Et comme souvent, la clé finale de l'épisode est donnée dès cet instant. Les êtres proches d'un homme sont sa plus grande faiblesse, nous dit Moriarty. Avant d'enchaîner avec sa question: as-tu
trouvé quel était le dernier problème?
Enfin, l'ensemble dépote méchamment tout de même. C'est presque une mauvaise chose d'avoir Sherlock en janvier. Ça plombe un peu le reste de l'année .
Je me doutais que l'on aurait ce genre d'introduction. Vu que la pseudo mort de Sherlock à Reichenbach est peut-être le spoiler le plus éventé de toute l'histoire de la fiction, autant pour
l'ouverture miser sur l'émotion plutôt que sur le suspens. Et tant qu'à faire, ça permet aussi de remettre tout le monde sur un pied d'égalité, entre ceux qui connaissent Le Dernier Problème et
ceux qui sont restés absolument hermétiques à Sherlock Holmes en dehors de la série ( y a bien un quelqu'un dans le monde qui ne savait pas que Reichenbach, en allemand, ça voulait dire "
Richard Brooks Holmes il a fait plouf" ).
Parlant de ces choses que tout le monde sait, joli chapeau Mr Holmes . J'adore quand les séries s'amusent
à shooter dans le quatrième mur et Sherlock se prête régulièrement à ce genre de connivences avec le public. Pour cet épisode, je m'inscris au fan club de "it isn't a deersalker hat. It's a
Sherlock Holmes hat". Levez la main tous ceux qui connaissaient le vrai nom des "casquettes à la Sherlock Holmes"
Autrement, j'ai posté la semaine dernière en commentaire sur un forum "j'espère avoir une jolie danse entre les Holmes et Moriarty", et j'aurais dû me douter que le petit Jimmy me prendrait
au pied de la lettre et se mettrait à valser devant les joyaux de la couronne . Mais quel bonheur de
pouvoir se goinfrer de Moriarty cette semaine (heureusement notez parce que ça va être un peu plus compliqué à l'avenir xD). Et après toutes ces séries ou tout le monde se prend au sérieux, ça a
quand même quelque chose de jouissif de voir un taré sous une casquette ridicule foutre la ville à sac en cliquant sur l'icone d'un petit cochon .
Et puis on le savait déjà depuis la saison 1, mais Andrew Scott est assez exceptionnel dans le rôle. Il nous propose une "folie subtile" (ça veut rien dire, faites semblant) et passe d'un
registre à l'autre avec la facilité d'un gosse en plein jeu de rôles dans la cour de l'école (si si c'est un compliment, y a pas meilleur acteur qu'un gamin qui joue à spiderman contre le
Super-Bouffon à la récré). J'ai été particulièrement bluffée par la scène dans l'apart de la journaliste, où on ne voit rien d'autre que son regard changer du tout au tout dès que la blonde
tourne la tête et que seul Sherlock peut le voir. Brillant.
Et la 2e perle de cette scène a été Watson, qui démarre au quart de tour dès que l'on touche à son copain et qui apporte indirectement de l'eau au moulin de la journaliste en se mettant aussi
vite à brailler - on n'est rarement super sûr de la fiabilité de ce qu'on avance quand on démarre la défense aussi violemment. Parce qu'aussi fort que Watson puisse dire à Sherlock qu'il n'a
jamais douté une seule seconde, il doit bien y en avoir eu une, de seconde, au fin fond du dedans de lui, où il a entendu les voix du doute. Je veux bien croire qu'au bout de cette seconde il ait
choisi de ne pas les écouter, mais il les a forcément entendues. Même en tant que spectatrice, ayant donc vu toute la partie cachée de l'histoire, j'ai dû avoir une demi-micro-seconde de
doute à un moment donné (ok, si je suis 100% honnête, c'était même probablement un peu plus que la
demi-micro-seconde. Cet épisode arrive à nous coller des instants de doute même en ayant vu Moriarty agir en coulisses)
Mais au bout du compte, Watson reste Watson, plus fidèle qu'un labrador et avec une vraie capacité à suivre son instinct plutôt que le bruit de la foule (en ça il nous bat à peu près tous si on
est honnête avec nous-même. Watson est un génie aussi dans son registre).
On soulignera quand même tous les efforts qui ont été fait pour aboutir à enfin voir Sherlock et Watson se promener main dans la main (quand on décide de passer au stade supérieur de la métaphore, les menottes c'est toujours efficace xD).
Mais tout de même, le plus triste dans le fait qu'on n'ait que 3 épisodes, c'est que c'est au moment où on commence à prendre le pli et à se faire à la manière de penser de la série (et donc à
deviner des trucs et à se sentir intelligent. Même si on ne devine que les détails périphériques xD) que ça s'arrête.
Entre autres choses, j'avais Molly. Les 2 fois.
La première lorsque Holmes tique en l'entendant dire qu'elle ne sert à rien. Forcément, en disant ça elle se rendait instantanément indispensable pour la suite, et vu qu'elle est quand même un
peu légiste et que Holmes, avec son allure de Time Lord un 22 avril 2011, devait déjà cogiter à quelle serait son issue de secours une fois passée l'heure du décès. Je savais donc depuis un
moment quel service il allait lui demander en allant la trouver.
La deuxième lorsque Moriarty énumère les potos à Sherlock et zappe allègrement Molly. Les yeux de Sherlock soulignent bien l'importance de l'omission, on ne peut que comprendre qu'elle est
effectivement une partie de la faille dans le plan de Moriarty que Sherlock prévoit d'exploiter. (Cela dit, si j'avais envisagé que le corps supplémentaire pour le numéro de voltige et la mise en
frigo serait éventuellement celui du dit Moriarty (et je vais considérer que c'est le cas jusqu'à preuve du contraire), je n'avais pas pensé qu'il pourrait être déjà mort au moment de dégringoler
(je sais, c'est cruel, je l'imaginais être balancé vivant. Faut dire qu'il faut s'appeler Moriarty pour aller
jusqu'à cet extrême pour gagner une partie qui pour lui n'a pour enjeu que... le fait de gagner la partie) ).
Par contre j'ai eu l'air bête avec le code magique "sésame ouvre-toi". Parce que j'ai compris assez rapidement que le code n'avait pas été planqué dans l'apart mais dans la tête à Sherlock, et
que c'était après ça que courraient les tueurs de la rue. Et moi de m'énerver toute seule contre ma télé, mais que t'es nouille Sherlock, m'enfin, c'est évident!!! Et voilà que la ptite fouine me
rie au nez en même temps qu'à celui de Sherlock: pauvre truffe, y a pas de code magique!!! ... Oups .
(Bon d'un autre côté les 2 Holmes se sont fait berner aussi. Pi moi au moins j'y ai pas cru au point de sacrifier mon frère )
Mais après tant de courses poursuites, de suspens haletant et de vols plannés, faudrait pas croire que Sherlock n'est pas aussi une série capable de vous faire pleurer. Et m*rde, j'ai
été retournée comme un gant par le discours de Watson devant la tombe de Son Ami. Y a-t-il supplique plus déchirante qu'un simple "please don't be dead, just stop it"? Une part de lui le
pense sincèrement. Une part de lui sait Sherlock capable d'avoir monté un coup pareil et d'avoir ce choix d'arrêter d'être mort. Mais pour une autre part de lui, tout ça est on ne peut
plus vrai. Et ça n'est que douleur. C'est d'autant plus pénible qu'on sait que cette douleur pourrait cesser si seulement, après ces mois passés auprès du maitre, il avait fini par simplement
apprendre à observer. Alors il aurait vu celui qui se dressait là, si près de lui que c'en est cruel pour chacun d'eux. Il aurait vu le visage de celui des deux joueurs qui a finalement gagné la
partie...
... and this is where the penny drops.