Des fois que ça se voit pas, je suis en pleine crise d'écriturage compulsif, et Merlin est absolument génial pour ça: on trouve toujours de quoi gratter . Aujourd'hui, c'est Morgana qui passe à la casserole (mais j'ai aussi Merlin quelque part en stock, les restes d'un précédent jour férié qui devrait pas tarder à ramener sa fraise dans ce grenier (ben oui quoi, vu que tourne au ralenti niveau trads, faut bien que je remplisse )
Morgana... jolie Morgana... j'ai attendu d'avoir un peu avancé dans la saison 3 avant de coucher ce que je pense de la belle sur papier (enfin sur écran). Sachant que j'ai
eu une période où j'étais très remontée contre le personnage, il valait mieux pas que je vienne en parler à ce moment là. C'est qu'évidemment, comme beaucoup d'après ce que j'ai pu voir, je suis
très perplexe devant la Morgana de la saison 3. Sauf que Morgana n'est pas née pendant la saison 3, et si la Morgana des premières saisons était bien différente, à bien l'observer, on peut
comprendre en partie où se cache la Dark Morgana... mais en partie seulement. La partie manquante reste bien trop importante pour que j'en vienne à dire que les scénaristes ont finalement bien
géré la chose. (Evidemment je devrais attendre la fin de la saison avant de faire ça, parce qu'on va sûrement en apprendre d'autres d'ici là, qui vont peut-être me donner tord sur plusieurs
points...)
Morgana aura toujours été un personnage totalement dicté par l'émotion finalement. Dans un camp comme dans l'autre, elle n'aura jamais raisonné avec sa tête mais avec son cœur. Elle se fout
plus-ou-moins de la notion de ce qui est juste et ce qui ne l'est pas, voire même de ce qui est bien et ce qui est mal. Ce qui compte pour elle, c'est d'agir en accord avec ce qu'elle
ressent. Complètement guidée - et aveuglée - par ces émotions qui bouillonnent en elle est qu'elle n'a jamais su contrôler. Rien n'est plus facile à influencer et à manipuler qu'un
personnage pareil...
La première chose que l'on découvre chez Morgana, c'est qu'elle est la pupille du Roi. Et ça n'est pas juste un fait, c'est un état d'esprit. La jeune fille est la première Dame du château, elle
connait parfaitement sa position, et sans en abuser, elle sait très bien l'utiliser. Mais en plus de son rang, elle a aussi une force qu'elle est la seule à avoir: elle n'a pas peur de tenir tête
à Uther. Elle est bien la seule personne capable de faire ça. Elle sait aussi comment mener Arthur à la baguette, et elle ne se gène pas pour le faire. Quand Morgana sait ce qu'elle veut, elle
sait comment l'obtenir, elle sait comment manipuler son petit monde pour qu'ils se mettent dans son sens. Son rang, son charisme et sa force de caractère lui donnent à peu près tous pouvoirs, et
elle n'hésite pas à en user.
Mais derrière ce personnage à première vue si fort se cache en fait une jeune fille complètement paumée. Morgana ne sait jamais vraiment où elle en est, elle a du mal à faire face à son statut de
membre de la famille royale-mais-pas-tout-à-fait, sans parler de ses visions qu'elle ne comprend pas et qui la terrifient (d'autant qu'on a passé sa vie à lui dire que la magie, c'est le mal), et
qui vont l'isoler des autres de manière inéluctable ... rien d'étonnant donc à ce qu'elle se jette dans les bras de Morgause le moment venu.
Mais surtout, cette Morgana paumée ne sait pas comment gérer sa relation plus que conflictuelle avec Uther, qui l'a élevée, et de qui on perçoit clairement l'affection infinie qu'il a pour sa
pupille, même s'il a parfois une façon fort maladroite d'en témoigner. Leur manière de voir le monde est si divergente que la rupture sera inévitable entre ces deux là, c'est certain, mais ça ne
se fera pas en douceur: aussi différent qu'il soit d'elle, Uther est la seule figure paternelle qu'elle n'a jamais connue, il est celui qui aura veillé sur elle, qui l'aura toujours protégée, et
l'ancienne Morgana ne peut pas lui tourner le dos en un claquement de doigt. Il lui faudra lutter des années avec sa conscience avant que n'arrive l'inévitable, avant que tous ces sentiments si
douloureux qu'elle est incapable de gérer finissent par ne former plus qu'une grosse boule de haine. Bien trop grosse pour pouvoir la raisonner. Morgana est submergée par cette haine qu'elle ne
veut même plus comprendre, mais simplement assouvir.
On peut parfaitement comprendre comment ces deux là en sont arrivés là. On nous le développe depuis la toute première scène entre les deux personnages. Rien à dire donc de ce côté là.
On peut même comprendre que cette haine la dévore tellement qu'elle finisse par prendre le pas sur tout le reste, puisque comme je le disais les émotions ont toujours été le moteur de Morgana, et
que celles-ci sont bien trop fortes pour que quoi que ce soit puisse faire le poids. J'aurai donc pu croire qu'elle devienne indifférente à tout et à tous, hormis Uther (et Merlin, disons. La
pilule de l'empoisonnement doit être difficile à faire passer, peu importe les raisons honorables qui auront guidé le geste). Ça n'est pas la solution que j'aurai préféré, mais j'aurai vraiment
pu l'accepter. Mais ça n'est pas de l'indifférence que l'on a maintenant, c'est de la méchanceté gratuite, froide, bornée, qui sort de nul part, qui n'a aucun lieu d'être et qui frôle le
ridicule.
J'aurai voulu une Morgana tourmentée. C'est la seule Morgana qu'on ait jamais connu, finalement. On nous l'a présentée comme un personnage tourmenté, depuis le début. J'aurais aimé qu'on ne renie
pas ce qu'on avait fait d'elle et qu'elle poursuive sur cette lancée, de manière toute naturelle. J'aurai aimé que la cassure entre Morgana et les Pendragon soit si grande qu'elle n'aie pas
d'autre choix que de rejoindre l'autre camp, sans pour autant qu'on jette à la poubelle toute la dimension morale que ça implique. Je voulais voir Morgana en âme torturée. Je voulais qu'elle
garde son humanité. J'aimais l'idée de ce personnage qui, toujours noyée par ses émotions, se retrouve de l'autre côté de la barrière par la force de celles-ci. Malheureusement, c'est très loin
d'être ce qu'on nous a donné (bien qu'elle soit sûrement aussi paumée là-bas qu'ici, certes).
Alors bien sûr, on peut nous ressortir à volonté la carte Morgause. Morgause a donc tellement bien lavé le cerveau de sa sœur qu'elle en a fait une boite à sourires-diaboliques. Fortiche, la
frangine. Elle a le dos large tout de même. Tant qu'on y est on pourrait aussi la rendre responsable de la faim dans le monde et de la fermeture du magasin de jouets derrière chez moi. Sûre
qu'elle y est pour quelque chose, la vilaine.
Tout de même, j'aurai aimé savoir ce qui s'est passé dans cette année... Je trouve ça vraiment pas correct de nous montrer une Morgana si différente et de s'attendre à ce que tout le monde
suppose que ce changement radical complètement surréaliste est dû à cette année, sans nous l'avoir détaillé ne serait-ce qu'un peu. C'est vraiment pas super respectueux pour nous, en fait. Et
c'est trop facile. Expliquez-moi, s'il vous plait. Je suis toute prête à entendre une explication, même bancale,et même si elle arrive si tardivement. J'ai besoin d'une
explication...
La Morgana nouvelle est le stéréotype de base de la méchante. Cette Morgana qui nous aligne ses sourires-diaboliques-pour-bien-qu'on-comprenne, ça n'est même plus une caricature à ce stade, c'est
carrément une caricature de caricature! (si, ça existe. Sinon, on n'a qu'à dire que je viens de l'inventer )
J'espère vraiment que le personnage n'est pas définitivement coincé dans cette caricature, qu'elle va retrouver un peu d'épaisseur, quelque chose qui ferait d'elle un être humain à nouveau plutôt
qu'un méchant de dessin animé. (D'autant que Morgana n'est pas toujours méchante, dans la légende... elle ne l'est même pas du tout, au départ! Mais peu importe qu'ils décident de la laisser
définitivement chez les méchants ou de la balader encore un peu, tant qu'elle retrouve un minimum de cohérence ça m'ira. Je ne veux simplement pas perdre définitivement Morgana...)
En tout cas, il est clair que les scénaristes maitrisent beaucoup mieux leurs personnages masculins que leurs personnages féminins, c'est certain et ça ne s'applique pas qu'à Morgana (peut-être parce qu'on a majoritairement des gars à l'écriture. Ça doit probablement jouer ). Mais je pense tout de même - je l'ai déjà dit, mais dans l'autre sens lol - que les tords sont à partager dans la déchéance du personnage: Katie McGrath est absolument sublime comme femme, elle a quelque chose d'assez magnétique et envoûtant qu'elle sait très bien utiliser. Mais derrière ça, son jeu n'a jamais vraiment été d'une très grande subtilité. On ne lui a jamais tellement demandé de l'être jusqu'à maintenant donc ça ne posait pas souci, mais là clairement dans la saison 3, on sent bien ses limites. Elle a beaucoup de mal à faire les choses sans en faire des caisses. Ça n'aide pas le personnage qui est déjà fort malmené à ce niveau là... (d'autant que puisque les deux personnages sont souvent en confrontation directe, elle est régulièrement mise en contraste avec Colin Morgan, et là, ça fait un peu mal...)
Beautiful Lie, par Toufinus